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pierre conesa - Page 6

  • Dr. Saoud et Mr. Djihad...

    Les éditions Robert Laffont publient cette semaine un essai de Pierre Conesa intitulé Dr. Saoud et Mr. Djihad - La diplomatie religieuse de l'Arabie saoudite. Agrégé d'histoire et énarque, Pierre Conesa a fait partie dans les années 90 de la Délégation aux affaires stratégiques du Ministère de la défense. Il est l'auteur de plusieurs essais, dont Les Mécaniques du chaos : bushisme, prolifération et terrorisme (L'Aube, 2007) et La fabrication de l'ennemi (Robert Laffont, 2012) ainsi que d'un excellent polar géopolitique, intitulé Dommages collatéraux (Flammarion, 2002).

     

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    " L'Arabie saoudite est signataire de la déclaration des droits de l'homme de l'ONU. Elle n'en respecte pourtant pas les obligations, avec entre autre un système judiciaire basé sur la charia et des sévices corporels dignes d'un autre temps infligés aux coupables. Comment comprendre que ce pays vive au-dessus des lois internationales ? L'argent des pétrodollars ne saurait à lui seul l'expliquer.
    En retraçant les grands événements qui ont transformé cette petite royauté par la taille en un royaume surpuissant, l'auteur déconstruit un système tentaculaire. Il montre comment la diplomatie religieuse mise en place par les plus hautes instances de l'État est au cœur de sa stratégie pour conquérir l'Occident sans apparaître comme un ennemi. Un des exemples le plus frappant est l'absence de sanctions ou même d'accusation par Georges W. Bush envers l'Arabie saoudite au lendemain du 11 Septembre alors que le commando terroriste comportait cinq saoudiens identifiés.
    D'une incroyable opacité, le royaume a des ramifications d'influence partout dans le monde et s'offre un important terrain de conquête en finançant des écoles coraniques, des universités et des mosquées, ainsi que des organisations internationales publiques et privées. Pour cela, le royaume a transformé le wahhabisme en salafisme et confié des ministères clés à des religieux. Mais après avoir financé le djihad en terres étrangères, il se retrouve aujourd'hui menacé dans son propre territoire, le monstre qu'il a enfanté se retourne contre lui.
    Le seul livre sur l'Arabie saoudite actuellement en librairie, alimenté par des sources au cœur du système. Un document unique. "

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  • Comment fabrique-t-on l'ennemi ?...

    Pierre Conesa, qui a fait partie dans les années 90 de la Délégation aux affaires stratégiques du Ministère de la défense et a récemment publié La fabrication de l'ennemi (Robert Laffont, 2012) a répondu aux questions de TV Libertés à l'occasion d'une conférence qu'il donnait à Paris, le 16 mars 2015, devant le Cercle Aristote. Il a évoqué à cette occasion la question de l'ennemi et de sa fabrication parfois intéressée, mais aussi les lois mémorielles ou les processus de réconciliation...

     

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  • Les errements de la pensée stratégique...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Pierre Conesa, cueilli sur son blog Chronique de la décadence heureuse et consacré à l'incohérence de la pensée stratégique française en matière d'alliances dans le monde arabo-musulman...

    Agrégé d'histoire et énarque, Pierre Conesa a fait partie dans les années 90 de la Délégation aux affaires stratégiques du Ministère de la défense. Il est l'auteur de plusieurs essais, dont Les Mécaniques du chaos : bushisme, prolifération et terrorisme (L'Aube, 2007) et La fabrication de l'ennemi (Robert Lafont, 2012) ainsi que d'un excellent polar géopolitique, intitulé Dommages collatéraux (Flammarion, 2002) .

     

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    Les errements de la pensée stratégique
    Arabie saoudite, Pakistan, Iran : qui est l'ennemi principal ?

    Les négociations sur le programme nucléaire de la République islamique reprennent avec le régime de Téhéran. L’Iran est le seul pays contre lequel six ou sept ouvrages en vente en librairie appellent à la guerre, semblant ainsi occuper la place d’ennemi principal. Pourtant en Afghanistan et au Mali, nos soldats sont face à des islamistes, catégorie salafistes jihadistes, les mêmes qui cherchent aujourd’hui à détourner les révolutions du Printemps arabe en Tunisie, en Lybie, en Egypte, au Yémen, ou organisent des kidnappings et des attentats meurtriers en Irak. La matrice géopolitique de la famille religieuse des Salafistes ? l’Arabie saoudite, le Pakistan et accessoirement le Qatar.  Pourquoi donc un tel silence sur le phénomène? 
    Les droits de l’homme, Riyad en ignore le sens même (sans parler des droits de la femme). On peut avec raison critiquer les élections en Iran mais pas en Arabie saoudite où le concept est Haram (théologiquement mauvais).  Aucune pratique religieuse autre que l’Islam n’est tolérée sur tout le territoire saoudien, jusques et y compris dans les Ambassades étrangères. Le Conseil des oulémas réglemente la vie quotidienne de la théocratie saoudienne sans que cela ne suscite la moindre critique des intellectuels occidentaux. Une main de voleur coupée en Arabie saoudite devrait autant révolter qu’au Mali ou à Téhéran. 14 des 19 terroristes du 11 septembre venaient d’Arabie saoudite. Les Occidentaux veulent convaincre Téhéran d’abandonner Assad en Syrie mais se taisent sur  la répression de la révolution démocratique à Bahrein par… l’Arabie saoudite. La déclaration officielle de soutien de Riyad à l’opération française au Mali, se fait toujours attendre.  
    Le Wahhabisme, doctrine exclusive du régime saoudien est la forme la plus intolérante  des quatre écoles juridiques de l’Islam, l’Hanbalisme poussé à son paroxysme par Mohamed Ibn Abd El Wahhab. La destruction de sites « profanes » a commencé dés 1806 quand Ibn Saoud a rasé à Médine, le Baqi, cimetière qui contenait les restes des compagnons du Prophète. La tombe de Mahomet faillit également être démolie. Cette politique s’est poursuivie par la destruction des Bouddhas de Bamyan par les Taliban. C’est cette même idéologie qu’on a vu en action en Algérie pendant la guerre civile (destruction de sites maraboutiques, assassinat d’imams officiels, de fillettes qui allaient à l’école,….), ou au Mali aujourd’hui où les Salafistes ont pratiqué la lapidation suivant la même législation que celle applicable à Riyad (et pas seulement à Téhéran). Arabie saoudite et Pakistan envoient à travers le monde leurs prédicateurs et leurs livres propagandistes. Pour sa formation, c’est au Pakistan que s’est rendu Mohamed Merah, pays où Ben Laden et les chefs talibans ont trouvé refuge. Le seul réseau de vente de technologies nucléaires moderne, est celui d’Abdul Qadeer Khan, le père de la Bombe pakistanaise actuellement en résidence surveillée (et non pas en prison). 
    Dans la hiérarchie des ennemis des Salafistes, les grandes écoles juridiques de l’Islam, le soufisme ou le Chiisme sont à peine moins maléfiques que les autres religions monothéistes. Si bien que le monde islamique est aujourd’hui déchiré par une véritable guerre de religions. Les violences intra-musulmanes déchirent Syrie, Irak, Yémen, Afghanistan, Pakistan, Bahreïn, Liban… où Chiites (quels que soient leurs noms) et Sunnites se livrent des combats sanglants. En Arabie Saoudite, les Chi’ites n’ont aucun droit et à Téhéran, capitale de 13 millions d’habitants, la république islamique n’accepte aucune mosquée dédiée aux Sunnites… Les mosquées de Tombouctou et Gao, typiques du rite malékite, ont été détruites par les Khmers verts d’AQMI… Les relations deviennent violentes entre Frères musulmans et salafistes en Tunisie, en Lybie et en Egypte… La terreur jihadiste tue plus de musulmans que d’autres croyants. Les 100 000 morts de l’Algérie des années noires, l’Irak victime d’attentats kamikazes quotidiens durant la Choura, l’Afghanistan où les Hazaras chiites redoutent le retour des Taliban sunnites, démontrent que l’espace arabo-musulman est bel et bien déchiré par une sanglante guerre de religions.   
    L’aveuglement stratégique occidental est-il volontaire ou inconscient ? La seconde hypothèse ne peut jamais être totalement jamais exclue comme l’ont prouvé les invasions militaires catastrophiques, soviétique puis otanienne, en Afghanistan ou en Irak. Mais la résilience dans l’erreur pose problème. L’attention s’est longtemps fixée sur la poussée des Frères Musulmans, opposition la plus visible aux dictatures « modernistes » soutenues par l’Occident, sans prêter attention à la poussée des Salafistes financés par l’Arabie saoudite et le Qatar  et formés dans les madrasas pakistanaises. Le danger stratégique est aujourd’hui la matrice géopolitique salafiste. Notre aveuglement ne nous place-t-il pas de fait aux côtés d’un de nos pires ennemis, champion d’un des deux camps de la guerre de religion qui déchire le monde arabo-musulman, guerre dans laquelle nous n’avons aucun intérêt. Est il indispensable de soutenir l'un des camps dans la guerre de religion qui déchire le monde musulman? C'est pourtant ce que nous faisons en nous alignant sur le Qatar et l'Arabie saoudite. 
    Le sultan ottoman avait pris fait et cause pour les protestants durant nos guerres de religion. Pour quel bénéfice ?
     
    Pierre Conesa (Chronique de la décadence heureuse, 2 mai 2013)

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  • "Je suis sortie avec un électeur FN"...

    Nous reproduisons ci-dessous un texte amusant de Thomas Dubois cueilli sur Boulevard voltaire. Ouvert depuis le 1er octobre, Boulevard Voltaire - le cercle des empêcheurs de penser en rond est un site d'opinions, animé par Robert Ménard et Dominique Jamet. On y trouve des signatures variées, de Bernard Lugan à Jacques Cardoze, en passant par Denis Tillinac et Pierre Conesa... A suivre !

     

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    Je suis sortie avec un électeur FN

    Adèle est une institutrice de 28 ans. Insatisfaite en amour, elle a sympathisé avec Benoît sur un site de rencontre. Grand brun ténébreux à l’allure farouche, amateur de littérature classique, Adèle pensait avoir trouvé en Benoît un compagnon idéal. Elle se ne doutait pas que sous ses airs enjôleurs se cachait un électeur de Marine Le Pen. Elle nous raconte son cauchemar :

    « J’ai eu mes premiers soupçons lorsqu’il s’est endormi devant un film de Claude Lelouch » se souvient Adèle, encore troublée par ces quelques mois passés aux côtés de l’extrémiste. Au départ charmée par les manières sophistiquées du raciste, la jeune prof ne se doute de rien, le manipulateur ayant poussé le vice jusqu’à avoir des cheveux et à porter des vêtements normaux. Diplômé de la prestigieuse université de Nanterre, Benoît était issue d’une famille unie, du moins c’est ce qu’espère encore Adèle : «J’étais persuadée que Benoît venait d’une famille normale et n’avait pas été battu par ses parents, mais maintenant j’en viens à penser qu’il a peut-être été violé par un prêtre.»

    Des propos d’une violence inouïe

    C’est après une visite au musée des arts premiers consacrée aux masques rituels de la civilisation dogon que le destin d’Adèle bascule. En sortant du musée, le couple est apostrophé par une jeune personne issue de la diversité qui leur demande une cigarette dans le langage pittoresque et savoureux popularisé par le talentueux Jamel. Non-fumeur, le couple se retrouve dans l’incapacité d’aider la jeune victime des lobbies du tabac. C’est alors que l’individu (sûrement éprouvé par une journée où il dut subir plusieurs contrôles policiers) en vient à utiliser de vive voix des métaphores freudiennes pour décrire la relation qui unissait Benoît et sa génitrice. C’est en rentrant en métro que Benoît eut cette terrible phrase « C’est vraiment tous les mêmes… »

    La descente aux enfers

    C’est alors que Benoît sombre de plus en plus dans la haine de l’autre, d’autant plus incompréhensible qu’il n’avait pas passé son enfance dans le Nord-Pas-de-Calais. Pris en flagrant délit en train d’écouter Éric Zemmour sur RTL, Benoît a du mal à trouver une explication convaincante « il a essayé de me faire croire qu’il cherchait France Inter » explique Adèle.« Par la suite, j’ai appris en lisant la presse que ces personnes avaient souvent des tendances mythomanes et j’ai pu assembler les pièces du puzzle. » De plus en plus angoissée par ces affinités cryptototalitaires, Adèle se décide à en parler à une amie qui la convainc de fouiller dans l’historique de l’ordinateur personnel de Benoît et dans ses mails.

    Un catalogue des horreurs

    Et c’est tout un pan occulte de la vie de Benoît qui défile sous les yeux ébahis d’Adèle : « Il était à la limite du néo-nazisme » raconte-t-elle en sanglotant. Il avait par exemple taxé la talentueuse chanteuse ZAZ de« pouilleuse qui ferait mieux de trouver un vrai travail » dans les commentaires en ligne du site internet d’un hebdomadaire sarkozyste. Sans oublier des liens enregistrés vers des textes du site terroriste Fdesouche.com critiquant l’association SOS Racisme. Et puis, parmi les mails conservés par Benoît, elle tombe sur l’inimaginable : il avoue à un ami qu’il envisagerait de voter Marine Le Pen puisque que nous ne serions« plus chez nous » (sic).

    Après avoir changé de numéro et déménagé, Adèle envisage depuis peu de rencontrer un nouveau partenaire, mais c’est une longue convalescence qui l’attend avant de pouvoir faire confiance aux hommes une nouvelle fois.

    « Pour me reconstruire plus rapidement, j’ai décidé de me consacrer à la prévention du lepénisme dans l’éducation. Pour éviter que d’autres femmes se fassent avoir par ce genre de maniaques, je rencontre les collégiens et je leur raconte tout simplement mon histoire. »

    Des conseils à nos lectrices pour débusquer un lepéniste ?

    Beaucoup ne portent plus leur traditionnel blouson d’aviateur et certains ont même laissé tombé les Rangers ; un crâne rasé peut être un bon indice mais n’est pas obligatoire. En tout cas, il est nécessaire de se méfier si l’on tombe sur quelqu’un qui fait preuve d’exaspération en écoutant les meilleures chansons de Cali et qui n’a jamais regardé aucun film avec Kad Merad. Il faut aussi faire extrêmement attention si la personne gagne moins de 2 000 euros par mois.

    Est-il possible de les guérir ?

    Les chercheurs sont partagés sur le sujet, quelques guérisons ont déjà été observées à la suite de visionnages massifs de sketchs d’Omar et Fred mais il est préférable d’agir par la prévention. La mairie de Paris vient d’ailleurs de financer un atelier gangsta rap pour les écoles maternelles et des projections du film « Nuit & Brouillard » pour les élèves de primaire. SOS Racisme vient aussi de sortir sa dernière campagne « Yo man ! Marine elle est vraiment pas swag » à destination des adolescents « chébrans ».

    Nous avons donc bon espoir pour les nouvelles générations.

    Thomas Dubois (Boulevard Voltaire, 1er octobre 2012)


     

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  • La fabrication de l'ennemi...

     «Sans ménager, ce qui va de soi, les dictatures, Pierre Conesa examine sans indulgence les « deux poids deux mesures » si souvent utilisés par les démocraties qui se prétendent les plus moralement respectables. En chemin, il rappelle que l’idée reçue, d’ailleurs fort récente, selon laquelle celles-ci seraient, par nature, pacifiques, est largement détrompée par les faits.» Gérard Chaliand

    Nous vous signalons avec retard la parution de La fabrication de l'ennemi, un essai de Pierre Conesa publié aux éditions Robert Laffont. Agrégé d'histoire et énarque, Pierre Conesa a fait partie dans les années 90 de la Délégation aux affaires stratégiques du Ministère de la défense. Il est l'auteur de plusieurs essais, dont Les Mécaniques du chaos : bushisme, prolifération et terrorisme (L'Aube, 2007) et d'un excellent polar géopolitique, intitulé Dommages collatéraux (Flammarion, 2002) .

     

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    "Comment les hommes en viennent-ils à se massacrer légalement ?

    « Nous allons vous rendre le pire des services, nous allons vous priver d'ennemi ! », avait prédit en 1989 Alexandre Arbatov, conseiller diplomatique de Mikhaïl Gorbatchev. L'ennemi soviétique avait toutes les qualités d'un « bon » ennemi : solide, constant, cohérent. Sa disparition a en effet entamé la cohésion de l'Occident et rendu plus vaine sa puissance.
    Pour contrer le chômage technique qui a suivi la chute du Mur, les États (démocratiques ou pas), les think tanks stratégiques, les services de renseignements et autres faiseurs d'opinion ont consciencieusement « fabriqué de l'ennemi » et décrit un monde constitué de menaces, de risques et de défis.
    L'ennemi est-il une nécessité ? Il est très utile en tout cas pour souder une nation, asseoir sa puissance et occuper son secteur militaro-industriel. On peut dresser une typologie des ennemis de ces vingt dernières années : ennemi proche (conflits frontaliers : Inde-Pakistan, Grèce-Turquie, Pérou-Équateur), rival planétaire (Chine), ennemi intime (guerres civiles : Yougoslavie, Rwanda), ennemi caché (théorie du complot : juifs, communistes), Mal absolu (extrémisme religieux), ennemi conceptuel, médiatique...
    Comment advient ce moment « anormal » ou l'homme tue en toute bonne conscience ? Avec une finesse d'analyse et une force de conviction peu communes, Pierre Conesa explique de quelle manière se crée le rapport d'hostilité, comment la belligérance trouve ses racines dans des réalités, mais aussi dans des constructions idéologiques, des perceptions ou des incompréhensions. Car si certains ennemis sont bien réels, d'autres, analysés avec le recul du temps, se révèlent étonnamment artificiels.
    Quelle conséquence tirer de tout cela ? Si l'ennemi est une construction, pour le vaincre, il faut non pas le battre, mais le déconstruire. Il s'agit moins au final d'une affaire militaire que d'une cause politique. Moins d'une affaire de calibre que d'une question d'hommes."

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  • Où mène la logique guerrière contre l'Iran ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un excellent point de vue de Pierre Conesa et Thierry Coville, cueilli sur le site du quotidien Le Monde et consacré aux menaces de l'Occident contre l'Iran. Chercheur associé à l'IRIS, Pierre Conesa a récemment publié un essai intitulé La Fabrique de l'ennemi (La Découverte, 2011).

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    Où mène la logique guerrière contre l'Iran ?

    L'Iran est seul pays du monde contre lequel 5 livres en vente en librairie appelle à faire la guerre rapidement, certains d'ailleurs écrits par ceux là même qui avaient justifié l'attaque américaine en Irak pour y trouver les armes de destruction massives.

    L'embargo sur le pétrole que discutent les Européens constitue sans nul doute un casus belli pour Téhéran qui tire des hydrocarbures 60 % de ses recettes budgétaires (et financent aussi le logement, l'éducation, etc.). La république islamique y a donc répondu de la même façon, par des menaces de blocage du Détroit d'Ormuz. Le décor est donc planté pour un conflit. Au regard des insuccès obtenus par les Occidentaux en Afghanistan et en Irak, on peut se demander qu'est ce qui pousse nos décideurs à repasser les plats ? Que cherche-ton en Iran ? Le Washington Post du 10 janvier citant un responsable du renseignement américain dit que c'est le changement de régime (regime change) par une révolte contre les autorités. Espérer qu'une population durement marquée par un embargo stupide par son étendue et sa généralité (sur les pièces détachés d'avion, sur les médicaments…) va se révolter contre son gouvernement est méconnaitre l'histoire. Comme on l'a vu en Irak et en Afghanistan, le mécano qu'utilisent les responsables occidentaux pour changer un régime ne marche pas.

    Cela est d'autant plus immoral que les Iraniens ont marqué leur volonté de changement pacifique en 2009. En outre, la politique de sanctions ne contribue qu'à affaiblir la société civile iranienne et à renforcer le poids des filières proches du régime qui contrôlent les filières d'importations de contrebande. Faut-il encore une fois penser que quelque conseiller secret garantit le résultat positif de l'opération comme en d'autres temps Monsieur Ahmed Chalabi pour l'Irak ou de monsieur Karzai pour l'Afghanistan auprès de l'administration Bush ? C'est peu probable. Arrêter le programme nucléaire ? L'objectif est louable mais est ce le droit de pays qui ont soutenu l'agression de l'Irak de Saddam Hussein en mettant sous embargo l'Iran agressé, avant de se retourner contre leur protégé et ont tout fait pour que l'ONU ne condamne pas Bagdad, de définir la sécurité de la région ? Apparemment oui puisque monsieur Kouchner avait vertement rappelé à l'ordre le Brésil de Lula et la Turquie de Erdogan qui avaient trouvé un accord avec Téhéran sur l'enrichissement. Le résultat de l'accord avait moins d'importance que les signataires apparemment.

    Annoncer que la bombe iranienne serait déstabilisante doit faire se retourner le Général de Gaulle dans sa tombe, lui qui avait justifié le programme français par la volonté de notre pays de ne plus jamais se soumettre à une puissance étrangère. Lutter contre le terrorisme ? Mais la république islamique a fourni moins de terroristes et de prédicateurs salafistes que les universités saoudiennes ou les madrasas pakistanaises. Et la République islamique a été souvent la cible privilégiée des terroristes sunnites radicaux. Défendre les droits de l'homme régulièrement violés en Iran ? Objectif louable qui devrait être étendu à l'Arabie saoudite qui dispute avec succès le titre à Téhéran ainsi qu'à la Chine, à la Russie (la liste est malheureusement longue).

    Quant à dénoncer l'usage de le peine de mort, on s'en étonne venant du gouvernement américain. Protéger Israël ? De quelle menace ? Si l'Iran avait la bombe qui peut penser qu'il l'utiliserait contre qui que ce soit sans menace vitale sur le pays, alors que les rétorsions militaires occidentales vitrifierait le pays dans sa totalité. Si une bombe devait préoccuper nos stratèges, ce devrait être celle du Pakistan, pays instable et fournisseur de terroristes. Donc il faut en conclure que nous allons à la confrontation directe. La guerre a d'ailleurs commencé puisque 6 ingénieurs et responsables du programme nucléaire iranien ont été assassinés, le dernier Monsieur Ahmadi Roshan en date le 10 janvier 2012.

    Que dirait-on si des ingénieurs français, israéliens ou américains étaient assassinés dans leur propre pays ? Avant le début des hostilités, un blocage du détroit d'Ormuz additionné à la crise nigériane, générerait une hausse brutale du prix du pétrole, exactement le genre de conjoncture qui nous aidera à sortir de la crise économique. Excluons enfin une indigne intention électoraliste américaine ou française dans cette brutale montée de fièvre. L'embargo unilatéral décidé par l'Europe ne sera jamais appliqué par l'Asie, Chine en tête.

    Il faut probablement chercher l'explication des décisions récentes de nos dirigeants dans la vieille croyance que la terre est toujours plate et que nous en sommes le centre. En attendant, la politique iranienne des Occidentaux ne fait qu'affaiblir leur légitimité chez les nouvelles puissances émergentes qui ne supportent plus cette politique de double standard.

    Pierre Conesa et Thierry Coville (Le Monde, 16 janvier 2012)

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